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Comprendre l’adaptation d’une plante à son environnement

Adaptation des plantes

Le caractère pérenne d’une plante herbacée ou ligneuse est lié à sa capacité de s’adapter à son environnement pour reprendre année après année. Certains facteurs liés à la pérennité d’une plante sont bien documentés, comme l’indice de résistance des plantes au climat d’une zone donnée. Des cartes de rusticité ont été créées pour préciser cette résistance par régions.

Malheureusement, la pérennité d’une plante ne dépend pas uniquement de ce facteur, d’autres variables contribuent aussi à rendre l’environnement défavorable à sa culture. C’est pourquoi, en choisissant bien le site de plantation, en le rendant conforme aux besoins de la plante et en ayant recours à certaines techniques de culture appropriées, plusieurs plantes sont cultivables dans des zones climatiques qui, normalement, ne seraient pas propices à leur survie.

Les facteurs liés à la pérennité d’une plante sont multiples et interdépendants

La survie d’une plante dépend de plusieurs facteurs :

  • la température (le froid ou la chaleur) ;
  • le respect des besoins de la plante ;
  • le vent hivernal ;
  • l’époque du gel ;
  • la durée du gel ;
  • l’altitude ;
  • la maturité de la plante ;
  • la couverture de neige ;
  • l’alternance gel-dégel ;
  • l’humidité hivernale.

La température (le froid ou la chaleur)

Le plus terrible ennemi sur le plan de la pérennité d’une plante est sans conteste le froid. Cependant, même s’il est impensable de faire pousser des palmiers au Québec ̶ du moins pour le moment ̶ , il faut savoir que de nombreuses plantes tolèrent des variations de température plus ou moins grandes en adoptant certaines méthodes de survie.

La restriction de rusticité d’une plante est donc variable. Parfois, on peut « gagner » une ou deux zones de plus que celle qualifiée à une zone avec des atouts bénéfiques.

Il faut cependant faire attention, car, même si la plante peut survivre, il se peut qu’elle ne donne pas de floraison à cause de gels intenses. C’est le cas habituellement de la plupart des glycines (Wisteria), plusieurs hortensias à grosses feuilles (Hydrangea macrophylla) et certains rhododendrons (Rhododendron). Ainsi, dans des conditions semblables, la maturation des fruits peut aussi faire défaut, même si la production végétative est excellente.

Le respect des besoins de la plante

Il ne faut pas confronter la nature, mais plutôt l’imiter. Les plantes alpines, par exemple, sont capables de résister à des climats très rudes, comme ceux qui prévalent dans leurs montagnes d’origine, en autant que nous respections dans nos jardins les conditions qui prévalent dans leur habitat.

Comme les racines de plusieurs de ces montagnardes sont ancrées dans un sol bien drainé à l’intérieur de crevasses, d’éboulis ou sur une pente rocheuse, on peut réussir leur culture en les installant dans des murets de pierre sèche ou des escaliers de pierres. La pierre joue un rôle primordial pour la survie de ces plantes en protégeant et en humidifiant les racines. Elle les protège aussi du dessèchement et des vents froids.

Il est donc important de prendre connaissance des caractéristiques de l’habitat d’origine de nos plantes pour s’assurer de leur donner les soins nécessaires à leur culture et à leur survie.

Le vent hivernal

L’hiver, la survie des plantes peut être surprenante si elles sont à l’abri du vent. Évidemment, en plein champ ou sur le haut d’une colline, la vulnérabilité de certaines plantes est fortement accrue. En effet, quand la météo nous informe qu’il fera -25 ºC durant la journée, la température ressentie peut être de -35 ºC avec le facteur olien, ce qui ne laisse aucune chance à certains végétaux. Le choix des plantes devrait même se faire dans une zone de rusticité de moins que la zone déterminée par les cartes en vigueur dans cette localité ou cette région.

Sur un terrain aussi venté, il est suggéré de poser un brise-vent de conifères autour du jardin et retrouver peu à peu la résistance au froid de la région et la dépasser si d’autres «atouts bénéfiques» sont intégrés. En bloquant le vent froid hivernal, la haie fait aussi en sorte que le sol se réchauffe plus rapidement en fin de saison lorsque les beaux jours reviennent.

L’époque du gel & sa durée

Les plantes pérennes de nos régions tempérées s’endurcissent pour l’hiver en entrant en dormance à l’automne, lorsque les jours deviennent plus courts et à la suite de la baisse de température. Elles libèrent alors l’eau de leurs cellules dans des espaces intercellulaires afin d’empêcher le gel de les faire éclater. Un gel précoce, lorsque la plante est encore en végétation et que l’eau n’est pas expulsée du protoplasme de ses cellules, entraîne la perte de tiges ou de branches et parfois la mort de la plante. Le bon choix du moment est donc primordial. Un gel tardif au printemps est aussi préjudiciable pour les plantes.

La persistance d’un froid intense est plus dommageable que son intensité. Lors de quelques journées consécutives de grands froids, si la température redevient «plus chaude» de plusieurs degrés le jour, les végétaux s’en sortent mieux que si la température diurne ne s’élève que de quelques degrés par rapport au froid nocturne.

L’altitude

La température décroît avec l’altitude. C’est pourquoi, en haute altitude, on constate de bons écarts de température entre le jour et la nuit, des gelées précoces et tardives ainsi que des hivers longs et enneigés. L’altitude influence donc la température et les précipitations.

La température baisse en moyenne annuellement de 0,6 ºC par 100 m (330 pi) d’altitude. On estime que la végétation prend une journée de retard au printemps par 25 m (82 pi) d’altitude. La migration des oiseaux en est aussi influencé, car plus on grimpe en altitude, plus l’arrivée des oiseaux migrateurs est tardive au printemps. Enfin, un site en altitude retient très peu la chaleur et est sujet aux vents desséchants.

Les plantes mal adaptées pour affronter ces conditions difficiles deviennent souvent fragilisées, ce qui compromet leur pérennité. Celles qui réussissent à survivre se sont adaptées en développant des formes morphologiques afin de résister aux agressions du milieu. Le nanisme, le port en coussinet et le développement d’un bon système racinaire en sont de bons exemples.

La maturité de la plante

Une plante se met en équilibre avec son milieu de façon progressive. Les plantes qui ont réussi à survivre quelques années de suite à leur environnement supportent mieux les coups de froid que les jeunes végétaux. Lorsque des plantes frileuses sont cultivées à la limite de la zone de rusticité de la région, il est préférable de procéder à une plantation printanière. De plus, il est sage de déposer au pied de ces plantes un bon paillis organique à l’automne.

Une acclimatation progressive donne souvent de bons résultats et rend la plante plus résistante à un environnement hostile. Il vaut donc mieux partir un arbre de petite taille et l’adapter tranquillement aux rigueurs de son emplacement que d’acheter un plus gros non adapté aux conditions de culture qui y prévalent.

La couverture de neige

Une acclimatation progressive donne souvent de bons résultats et rend la plante plus résistante à un environnement hostile. Il vaut donc mieux partir un arbre de petite taille et l’adapter tranquillement aux rigueurs de son emplacement que d’acheter un plus gros non adapté aux conditions de culture qui y prévalent.

C’est pourquoi l’hortensia à grosses feuilles ‘Nikko Blue’ (Hydrangea macrophylla ‘Nikko Blue’) se cultive assez bien à plusieurs endroits dans la ville de Québec, car il peut bénéficier d’une bonne couverture de neige en hiver. À Montréal, où souvent la neige fond au sol en période hivernale, il vaut mieux le protéger si on veut jouir de sa floraison, surtout si l’endroit est venté.

L’alternance gel-dégel

Les plantes tolèrent mal, de façon générale, l’alternance gel-dégel. Il est donc plus facile de cultiver une plante dans une région où la neige arrive au début de l’automne et disparaît au début du printemps. Les régions plus au nord bénéficient donc de cette couche protectrice durant tout l’hiver, ce qui empêche l’alternance gel-dégel au sol. Ces régions ne peuvent cependant jouir de printemps et d’automnes prolongés.

L’humidité hivernale

Certains végétaux, comme les plantes alpines, sont difficiles à acclimater dans nos jardins. L’une des conditions le plus souvent sous-estimée est la composition du sol. Plusieurs plantes exigent souvent, pour réussir, un sol bien drainé.

Malheureusement, la plupart des sols sont mal drainés au Québec ; ils conservent une humidité hivernale qui diminue la résistance de certaines plantes aux rigueurs du froid, surtout celles qui sont nouvellement plantées. C’est ainsi que, même si une plante est considérée comme rustique dans une région, un sol détrempé en hiver lui est souvent néfaste.